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18/04/2020 : GENIE BRETON

Ils m’ont réveillé vers 2h du matin. Franchement, j’ai cru à des SDF dans la rue, mais il n’y en a plus depuis 5 semaines,ils sont maraudés par la Croix Rouge, sauf que je ne sais pas ce que deviennent leurs clebs.

Bref, ça hurlait. Une voix de femme au début puis deux voix d’hommes. Grave avinées. Répétitives. Émaillées de jurons. Le genre qui s’échappe à 1g minimum. Puis des bruits de chutes. Je suis allé voir. Cela venait du velux d’en face. Le mec était véner, chaipas, sa nana l’avait quitté, le genre de truc du confinement, pas de respiration possible, ça explose. Il jetait tout par la fenêtre, peut-être des trucs de sa copine. Du troisième étage, ça tombait en bas, dans la cour étroite et borgne au nord, ça ne craignait rien, mais c’était vachement bruyant. Personne n’est tombé. Vers 4h, ils ont allumé un projecteur depuis le velux, peut-être pour contempler le spectacle. J’ai entendu ensuite des bruits de ramassage, d’ardoises cassées, puis plus rien. Ils devaient cuver. Ce matin, il restait une caisse rouge et des chaussures sur le toit. Vers 11h, ils sont sortis, ça devait tanguer encore un peu. Le jeune mec, le genre asymptomatique, a posé un pied sur la gouttière, j’ai crains le pire, mais finalement il a utilisé un balai pour ramener tout ce qui était tombé sur le toit et la gouttière. Des chaussures de femme brillantes, une ceinture, un portefeuille. Ils ont du se recoucher après, la barre au front.

Cet aprem, courses au SupU. En étrennant nos masques maison. « Ceux que ça sert à rien mais qu’il faut qu’on porte quand même, qu’ils seront obligatoires à la sortie du déconfinement ». Nous allons vers le rayon des alcools parce qu’il nous faut renouveler la Suze. Et là, le rayon empaqueté d’un plastique noir, couleur du deuil, avec collé dessus un papier officiel du préfet du Morbihan. Interdiction de vendre de l’alcool « 4 et 5 » jusqu’au 11 mai. En revanche, tu peux acheter tout le pif que tu veux, la bibine en rayons complets, même du Martini qui titre 18° alors que la Suze est à 15°.

Bref, le Préfet interdit la vente d’alcools forts, probablement suite à des excès comme ceux d’hier soir. Mais tu peux te comater au pinard ou à la bière. Sensation qu’ils nous prennent pour des infantiles au mieux, pour des cons au pire. Après les masques, les gestes barrières puis le confinement, les applaudissement des personnels soignants après les avoir tabassés dans les manifs, on te confisque ton alcool pour ton bien mais, comme il faut que le commerce continue, ou que la populace ne fasse pas une révolution, on te laisse le pif.

Mais qui sont ces gens ? Jusqu’où va leur mépris ? Hypocrisie jésuistique ? Peur panique des procès, de devoir rendre des comptes ? Sont-ils à ce point déboussolés qu’ils en soient réduit à ce genre d’expédients ?

Ils en oublient le génie breton ? Pendant des siècles, nous nous sommes arsouillés au vin ou au cid’e, alors la perte de la vodka, du whisky ou du gin, ce n’est pas ce qui va nous arrêter…

Pov types…