7/10/2020 : LES NEUFS SALOPARDS ! DERNIÈRE PARTIE
Notre force face aux masses laborieuses, face aux prolétaires, c’est notre capacité à diviser. Le marketing, la télé, la mondialisation, nous ont bien aidés. Comme a dit Warren Buffet « Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c’est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous gagnons. ». Il doit être pote avec Goeffroy.
Comme tout le monde faisait dans son froc face au Covid (moi aussi), c’était trop facile. Nous avons désigné les salauds.
Ces salauds de jeunes (les septièmes) tout d’abord, ces petits branleurs qui ne pensent qu’à s’amuser, à faire la teuf, à baiser, à boire, à fumer et tout cela en dépensant au minimum, pas de pouvoir d’achat, pas de vrais consommateurs prompts à s’endetter. Je ne supporte pas le doigt d’honneur de ces asymptomatiques qui emboucanent tout le monde. Et qui trouvent que cette maladie n’est que justice, elle emporte de préférence les vieilles générations responsables du merdier planétaire dans lequel ils s’estiment être. On a matraqué à la télé, à la radio, on a culpabilisé à outrance, mais ça résiste…
Ces salauds de malades chroniques (les huitièmes) ensuite. Le décret du 5 mai 2020 définissait les catégories de personnes vulnérables pouvant prétendre au chômage partiel ainsi que leurs conjoints, soit plus de 3 millions de personnes. Beaucoup trop. On a fait balayer tout ça le 29 août. Exit les antécédents vasculaires cérébraux ou cardiaques (infarctus, angine de poitrine, AVC…), les maladies respiratoires (asthme, BPCO et emphysème). On a juste gardé les troubles graves de l’immunité. Et pour le fun, le diabète AVEC l’obésité… pour les plus de 65 ans. Avec une retraite de 62 à 67 ans, j’avoue que dans le cynisme, on ne pouvait guère faire mieux. Geoffroy sort du corps de cette administration !
Ces salauds de musiciens (les neuvièmes) enfin. D’autres branleurs qui ne pensent qu’à faire le bœuf pendant que nos fourmis s’échinent au travail, des saltimbanques, des bateleurs, des cigales qui n’ont qu’à se débrouiller face à l’hiver covidien. Déjà, je trouve que prolonger le statut d’intermittent pendant un an est un cadeau indu pour ces pousse-mégôts. Tant pis pour ceux qui allaient l’avoir, tant pis pour les amateurs, la Culture ça sert à quoi ?
Cependant j’avoue que nous ici, dans le Morbihan, nous sommes les champions du Monde. Nous avons LE préfet que la France entière nous envie, un pote à Geoffroy. Dans son arrêté du 29 septembre, il interdit de transporter du matériel musical en voiture. Oui, vous avez bien lu, ni guimbarde, ni harmonica, ni flûte ou pipeau, ni guitare ou batterie. Encore moins les baffles, les consoles ou les platines. Ça sert à quoi la musique ? Paraît que c’est pour éviter les teuffeurs, les rassemblements non déclarés mais on ne me la fait pas : les cranes d’œuf dans les préfectures sont assez rompus au juridique pour ne pas avoir intentionnellement élargi l’interdiction. Et j’ai rarement vu des instruments de musique dans les rave-parties…Les concerts du week-end ont été annulés, tout le monde reste chez soi et le Covid est bien gardé.
Vous voulez quand même de la musique ? Vous n’avez qu’à aller à la Foire exposition de Vannes, 5 jours de convivialité et d’affaires pour « le plus grand événement économique de la rentrée. ». La musique est à donf. Elle est en boite. Partout.
T’as plus qu’à pousser ton caddie.
Elle est pas belle à nouveau la vie ?