21/04/2017 : SOIXANTE
Rarement fêté un anniversaire en dehors de l’intime de la famille. Et plutôt discret, pas de quoi pavoiser de se faire plomber à chaque fois d’une année, on sait bien où ça mène…
Jusqu’ici, ça baignait, la chance de ne pas faire tout à fait l’âge, quelques années de rab, merci la génétique, tous les cheveux, noirs et un peu gris, la gym intensive, pas encore vu de différences aux niveaux intellectuel et physique par rapport aux décennies précédentes, c’est ça qui est cool quand tu as été une larve non sportive dans ta jeunesse, t’as pas de comparaison possible, genre ton temps au 100 m haies, juste remarqué que la récupération est un peu plus difficile après une soirée carnage. Et puis travailler toujours sur de multiples thèmes, écrire, échanger avec des gens plus jeunes, encore une ado à la maison pour formater ton vocabulaire et te passer ses dernières découvertes musicales, ça permet de te laisser dans le flot. Pas trop de décalage. J’allais donc superbement ignorer cette année de plus. Sauf que…
Sauf que l’âge n’est pas du seul domaine de l’intime. C’est aussi un « fait sociétal ». Et cette putain de nouvelle décennie m’inscrit d’autorité dans une nouvelle tranche d’âge, me fait basculer chez les « seniors », les vieux quoi, « silver économie » gna gna gna, la carte SNCF des TGV de l’après-midi remplis à ras-bord des « toujours jeunes », bref ce peuple étrange, désœuvré, lent, ankylosé, un peu pathétique et peuplant les associations, qui me semblait si loin, si éloigné de ce que je vivais et que je vis toujours. Va falloir reconsidérer mes a priori, détricoter mes clichés, m’inventer une catégorie spéciale pour ces êtres « entre deux » qui vont encore bosser un bon bout de temps, débordent de rêves et de désirs à réaliser, ne sont pas raisonnables et consument une rage de vivre.
Je regarde ce nombre à 6 dizaines qui me tombe dessus et je me demande comment le supporter, l’accepter, le digérer, le dépasser, le réinventer…
Je crois que j’ai trouvé un commencement. Pas de fête non, mais un deal un peu narcissique, j’y ai droit aujourd’hui, vous êtes passés par là ou vous y passerez (je l’espère) et vous penserez alors à moi qui, en ce jour, fait mon coquet et est à la peine. Promis, ce ne sera que cette année…
Si vous me souhaitiez mon anniversaire ?