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Le Télégramme – 22 mars 2015

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Niveau de la mer. Un mètre de plus en 2100
20150322-Niveau de la mer. Un mètre de plus en 2100-Le Télégramme
Un ruban de chantier court le long des murs des places de la Poissonnerie et du Poids-Public. Une démarche qualifiée d’artistique, hier matin sur le marché, pour matérialiser la hauteur que la mer devrait atteindre lors des grandes marées, dans 85 ans.
Bruno Perera, ingénieur en développement durable, explique la démarche du collectif « Ma rue se mue », dont il fait partie avec une paysagiste, des photographes et des plasticiens. « À l’occasion des grandes marées, nous avons voulu faire prendre conscience aux gens de la hauteur que la mer pourrait atteindre en 2100, à cause du réchauffement climatique. À partir de repères notés par des habitants du quartier, nous savons jusqu’où l’eau est déjà montée à cet endroit. Jusqu’à 40 à 45 cm dans la galerie des Funambules, place de la Poissonnerie. À partir de là, nous avons mesuré 1 m de plus, qui est la projection la plus basse envisagée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La hausse sera entre 1 et 3 mètres ».
Ralentir le phénomène et s’adapter
« Désormais, à condition qu’il y ait une prise de conscience, on peut  envisager de ralentir l’effet si on prend des mesures pour limiter le réchauffement climatique. Mais si on reste dans le déni, on ne pourra pas lutter contre la montée du niveau de la mer, il faudra donc s’adapter », ajoute Bruno Perera. Hier matin, la très grande majorité des commerçants du quartier et ceux du marché ont adhéré à l’opération et répondu aux questions des clients qui s’interrogeaient sur la présence du ruban le long des murs. Un ruban déroulé par le collectif « Ma rue qui mue », dont l’objectif est de faire de l’art dans les rues pour permettre aux habitants de se réapproprier cet espace public.
En dédicace avec Laurent Labeyrie
Bruno Perera a écrit « Hors Saisons », un livre de nouvelles sur le changement sous toutes ses formes. Le samedi 11 avril, il sera en dédicace avec l’océanographe Laurent Labeyrie (*), qui a participé aux rapports du GIEC et qui a écrit « Submersion ? comment gérer la montée des mers » aux éditions Odile Jacob. Une rencontre avec le public qui aura lieu à la librairie L’Archipel des Mots, place du Général-de-Gaulle, de 15 h à 19 h.
(*) Lire l’interview de Laurent Labeyrie en dernière page du Télégramme d’hier.

Le Télégramme – 13 mars 2015

Livre. « HorLogo - Le Télégrammes saisons » : l’étrange 15 août de Bruno Perera
En littérature, si le récit de vie a explosé, le roman reste le genre roi. Bruno Perera a, lui, choisi un drôle d’hybride et un point de vue particulier pour parler des sujets qui lui tiennent aux tripes.

Bruno Perera vient de publier un troisième ouvrage : « Hors saisons ».  Un hybride entre le recueil de nouvelles, dont il a la forme, et le roman, car un fil rouge et un même personnage traversent tout le livre. Comme le film « Smoking, no smoking » d’Alain Resnais, l’auteur morbihannais s’est lui aussi lancé dans une variation… mais littéraire et climatique. Autour de la blague bien connue « En Bretagne, y’a deux saisons, l’hiver et le 15 août », il a débridé sa plume pour neuf histoires.
Karnak
Après avoir changé plusieurs fois de milieux et de métiers, Bruno  Perera a créé un bureau d’études en développement durable et solidaire il y a une dizaine d’années. Mais douze ans après son deuxième roman, (« Petits meurtres entre associés » qui lui avait coûté un licenciement), l’envie d’écrire lui a vraiment démangé la plume. « On est beaucoup dans le déni, dans la résignation sur le
changement climatique et la situation politique. Je ne voulais pas tenir un colloque, ni écrire un essai… ». Alors celui qui rêverait d’être écrivain à temps plein a cherché un personnage qui pourrait prendre
la parole. Il a trouvé Karnak : un homme gris, presque minéral, tellement immobile qu’on lui a donné un surnom de monolithe. Un SDF, que les gens ne voient pas, mais qui a le temps de penser, installé sous son DAB (distributeur automatique de billets). « C’est celui qui est le plus directement touché par les changements climatiques et le plus libre de parler puisqu’il n’a rien à perdre ! ».

Y’a plus d’saisons
Quelque part au bord du golfe du Morbihan, Karnak subit un 15 août polaire à cause de l’arrêt du Gulf-Stream, un autre caniculaire, un  autre encore silencieux après une pénurie de pétrole et pourquoi pas révolutionnaire… Page après page, le personnage prend de l’épaisseur tout en gardant une part de mystère. « Je ne voulais pas faire une peinture sociale. Karnak m’a permis un style direct, simple, jouissif car très libre. Et même si les nouvelles sont presqu’aussi délaissées que la poésie, c’est une forme qui évite les longueurs, les fioritures et qui offre de parler de plein de choses à la fois ». Plein de choses qu’il voulait partager, et pas seulement le 15 août…