Livres édités - La presse

Le Télégramme – 13 mars 2015

Livre. « HorLogo - Le Télégrammes saisons » : l’étrange 15 août de Bruno Perera
En littérature, si le récit de vie a explosé, le roman reste le genre roi. Bruno Perera a, lui, choisi un drôle d’hybride et un point de vue particulier pour parler des sujets qui lui tiennent aux tripes.

Bruno Perera vient de publier un troisième ouvrage : « Hors saisons ».  Un hybride entre le recueil de nouvelles, dont il a la forme, et le roman, car un fil rouge et un même personnage traversent tout le livre. Comme le film « Smoking, no smoking » d’Alain Resnais, l’auteur morbihannais s’est lui aussi lancé dans une variation… mais littéraire et climatique. Autour de la blague bien connue « En Bretagne, y’a deux saisons, l’hiver et le 15 août », il a débridé sa plume pour neuf histoires.
Karnak
Après avoir changé plusieurs fois de milieux et de métiers, Bruno  Perera a créé un bureau d’études en développement durable et solidaire il y a une dizaine d’années. Mais douze ans après son deuxième roman, (« Petits meurtres entre associés » qui lui avait coûté un licenciement), l’envie d’écrire lui a vraiment démangé la plume. « On est beaucoup dans le déni, dans la résignation sur le
changement climatique et la situation politique. Je ne voulais pas tenir un colloque, ni écrire un essai… ». Alors celui qui rêverait d’être écrivain à temps plein a cherché un personnage qui pourrait prendre
la parole. Il a trouvé Karnak : un homme gris, presque minéral, tellement immobile qu’on lui a donné un surnom de monolithe. Un SDF, que les gens ne voient pas, mais qui a le temps de penser, installé sous son DAB (distributeur automatique de billets). « C’est celui qui est le plus directement touché par les changements climatiques et le plus libre de parler puisqu’il n’a rien à perdre ! ».

Y’a plus d’saisons
Quelque part au bord du golfe du Morbihan, Karnak subit un 15 août polaire à cause de l’arrêt du Gulf-Stream, un autre caniculaire, un  autre encore silencieux après une pénurie de pétrole et pourquoi pas révolutionnaire… Page après page, le personnage prend de l’épaisseur tout en gardant une part de mystère. « Je ne voulais pas faire une peinture sociale. Karnak m’a permis un style direct, simple, jouissif car très libre. Et même si les nouvelles sont presqu’aussi délaissées que la poésie, c’est une forme qui évite les longueurs, les fioritures et qui offre de parler de plein de choses à la fois ». Plein de choses qu’il voulait partager, et pas seulement le 15 août…