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15/11/2020 : SABORDAGE

J’ai vu la semaine dernière le documentaire ‘Derrière nos écrans de fumée ». 90 minutes. Cherchez le, il est visible en libre.

J’en savais des petits bouts mais bout à bout, c’est glaçant. Des témoignages de repentis de Google, Facebook, Twitter, Pinterest, You Tube etc…

En gros : les réseaux sociaux se « monétisent » grâce à la publicité qu’ils vendent. Pour cela il faut que l’utilisateur reste le plus longtemps possible devant l’écran. Les techniques utilisées utilisent nos « biais cognitifs », nous manipulent pour rendre addictifs les réseaux, même en en étant conscient.

Ce qui est le plus efficace, ce sont les fake news qui sont 6 fois plus regardées que les vraies news. Et que l’on serve à l’utilisateur ce qu’il a envie d’entendre, surtout pas la contradiction. C’est le boulot de l’intelligence artificielle et elle est ultraperfomante et incontrôlée désormais.

Cette logique folle nous infantilise, favorise l’émergence des complotistes, des Trump et autres Bolsonaro. La société éclate, se fractionne, le collectif ne fait plus sens. Il n’y a plus de projet commun, de compromis.

La machine est devenue folle, plus personne ne la contrôle. Et la bloquer est impossible, il y a trop de milliards en jeux.

Je quitte Facebook.

Après, je m’attaque à Google, un Everest.

02/11/2020 : NON, LA COMPRESSION N’EST PAS TRISTE !

Ramené ça d’une balade déconfinante. Affiche dans une pharmacie. Le type a un naturel fou, ce devait être un ancien champion du lancer de poids, le dernier qui refusait de poser avec un masque. Sourire gêné, il doit se dire « Pourvu que mes copines ne me voient pas sinon je suis cramé ! ».

J’ai mis quelques secondes à comprendre, et là, je me suis imaginé un dialogue à l’agence de com qui a « créé » cette affiche :

– Eh toi, le stagiaire, on a une commande pour toi.

– C’est quoi chef ?

– Une pub à faire sur des bas de contention. Fais pas cette tête, c’est sous la contrainte que l’on est le plus créatif, si tu veux te faire remarquer, va falloir que tu phospores. Et tu t’en es bien sorti la semaine dernière sur les médocs pour cardiaques, avec ton fameux « Ce n’est pas parce que je suis bêta-bloqué que je ne suis pas alpha-mâle »…

Grand moment de solitude chez le communicant stagiaire. Il a remué ça toute la journée, lu des tas de trucs sur ces bas pour vioques, reluqué les jambes des filles, puis ça a fusé dans la nuit. Il est revenu triomphant le matin avec son jingle :

– « Qui a dit que la contention était triste ? »

– Pas mal. Mais si tu lisais le dictionnaire tu saurais que le mot « contention » n’est pas très porteur en ces temps de confinement… Remplace par « compression », ça fera plus stylé. Mais c’est très bien, j’ai une autre commande pour toi.

– C’est quoi chef ?

– Une pub sur les couches pour seniors. J’ai confiance (ha, ha), tu vas t’en sortir….

J’ai raté ma vocation, j’aurais aimé être publicaillon.

27/10/2020 : MORUE !

Je l’avais vu au centre de la vitrine ce WE à Vannes, il est maintenant entre « Bazar de Bretonne », « Maman bretonne », « Amour de Bretonne  » et « Amour iodé », ce magnifique sac en bandoulière pour femme avec « MORUE » imprimé dessus.

Je me suis demandé si c’était de la provoc, du 3ème degré, de la bêtise ou de l’innocence. Je penche pour la 4ème option. Je m’étais dit que ce devait être à l’usine, le Balinais, ou l’Ouïghour, n’avaient pas bien relu le mot griffonné, genre « Galette », « Bar Breton » ou « Kouign », avant de lancer l’impression, et que le patron Français, en ouvrant le container chiffrant 100 000 sacs, n’avait pas pu faire autrement que de les mettre en vente, ça passe ou ça casse.

Mais non, c’est fabriqué en local, de l’artisanal…

Peut-être que, vu mon grand âge, je n’ai pas senti le glissement sémantique lié au prix de luxe de la morue sur le marché et que c’est désormais très classe de s’afficher ainsi.

Je vais tenter ma chance du côté de Chanel et leur fourguer des noms de parfum. Morue n°25 (€/kg) pour les ménagères de moins de 50 ans. Sans oublier les précédents : Covid n°19 pour tout le monde.Et Trump n°45 pour les mâles alpha mais va falloir se dépêcher (j’espère).

7/10/2020 : LES NEUFS SALOPARDS ! DERNIÈRE PARTIE

Notre force face aux masses laborieuses, face aux prolétaires, c’est notre capacité à diviser. Le marketing, la télé, la mondialisation, nous ont bien aidés. Comme a dit Warren Buffet « Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c’est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous gagnons. ». Il doit être pote avec Goeffroy.

Comme tout le monde faisait dans son froc face au Covid (moi aussi), c’était trop facile. Nous avons désigné les salauds.

Ces salauds de jeunes (les septièmes) tout d’abord, ces petits branleurs qui ne pensent qu’à s’amuser, à faire la teuf, à baiser, à boire, à fumer et tout cela en dépensant au minimum, pas de pouvoir d’achat, pas de vrais consommateurs prompts à s’endetter. Je ne supporte pas le doigt d’honneur de ces asymptomatiques qui emboucanent tout le monde. Et qui trouvent que cette maladie n’est que justice, elle emporte de préférence les vieilles générations responsables du merdier planétaire dans lequel ils s’estiment être. On a matraqué à la télé, à la radio, on a culpabilisé à outrance, mais ça résiste…

Ces salauds de malades chroniques (les huitièmes) ensuite. Le décret du 5 mai 2020 définissait les catégories de personnes vulnérables pouvant prétendre au chômage partiel ainsi que leurs conjoints, soit plus de 3 millions de personnes. Beaucoup trop. On a fait balayer tout ça le 29 août. Exit les antécédents vasculaires cérébraux ou cardiaques (infarctus, angine de poitrine, AVC…), les maladies respiratoires (asthme, BPCO et emphysème). On a juste gardé les troubles graves de l’immunité. Et pour le fun, le diabète AVEC l’obésité… pour les plus de 65 ans. Avec une retraite de 62 à 67 ans, j’avoue que dans le cynisme, on ne pouvait guère faire mieux. Geoffroy sort du corps de cette administration !

Ces salauds de musiciens (les neuvièmes) enfin. D’autres branleurs qui ne pensent qu’à faire le bœuf pendant que nos fourmis s’échinent au travail, des saltimbanques, des bateleurs, des cigales qui n’ont qu’à se débrouiller face à l’hiver covidien. Déjà, je trouve que prolonger le statut d’intermittent pendant un an est un cadeau indu pour ces pousse-mégôts. Tant pis pour ceux qui allaient l’avoir, tant pis pour les amateurs, la Culture ça sert à quoi ?

Cependant j’avoue que nous ici, dans le Morbihan, nous sommes les champions du Monde. Nous avons LE préfet que la France entière nous envie, un pote à Geoffroy. Dans son arrêté du 29 septembre, il interdit de transporter du matériel musical en voiture. Oui, vous avez bien lu, ni guimbarde, ni harmonica, ni flûte ou pipeau, ni guitare ou batterie. Encore moins les baffles, les consoles ou les platines. Ça sert à quoi la musique ? Paraît que c’est pour éviter les teuffeurs, les rassemblements non déclarés mais on ne me la fait pas : les cranes d’œuf dans les préfectures sont assez rompus au juridique pour ne pas avoir intentionnellement élargi l’interdiction. Et j’ai rarement vu des instruments de musique dans les rave-parties…Les concerts du week-end ont été annulés, tout le monde reste chez soi et le Covid est bien gardé.

Vous voulez quand même de la musique ? Vous n’avez qu’à aller à la Foire exposition de Vannes, 5 jours de convivialité et d’affaires pour « le plus grand événement économique de la rentrée. ». La musique est à donf. Elle est en boite. Partout.

T’as plus qu’à pousser ton caddie.

Elle est pas belle à nouveau la vie ?

6/10/2020 : TOUS DES SALAUDS ! Partie 2

Grâce à Karl, on croyait bien maîtriser, à notre avantage, les contradictions du capitalisme. Sauf que ce brillant garçon n’avait pas prévu l’épuisement des ressources, le réchauffement climatique… et les maladies infectieuses.

Pour ces dernières et le Covid-19, je ne vais pas reprendre le pourquoi du lien entre mode de production capitaliste et émergence des maladies infectieuses, il y a de supers articles et vidéos là-dessus, rien à rajouter (https://www.lemonde.fr/…/pourquoi-nos-modes-de-vie-sont…).

Comme pour les autres crises, je croyais qu’on allait pouvoir s’en sortir comme d’hab. Les pauvres s’en seraient pris plein la gueule et nous, on aurait fait le gros dos en puisant dans nos réserves en attendant que ça se tasse. Sauf que, avec le Covid-19, et c’est vraiment injuste, les riches sont aussi atteints que les pauvres. Et cette horreur tue de préférence les vieux, catégorie où il y a le plus de riches… proportionnellement hein (rires) ! Jusqu’à maintenant, les riches mouraient plus tard et dans de meilleures conditions. On travaillait – excusez – on faisait travailler – dur pour s’augmenter de façon à viser les 150 ans puis l’immortalité mais d’une façon bankable, le marché aurait été restreint mais juteux parce qu’il viserait les riches. Mais, avec l’absence de médicaments ou de vaccins pour le Covid, la faucheuse est démocratique, la salope (la cinquième) !

On pourrait croire que le Covid a été créé de toute pièce par des anarcho-fémino-communistes. Il s’attaque préférentiellement aux vieux, aux mâles-alpha, aux non-fumeurs, aux sectes religieuses. Seul raté de leur part, il abat aussi les malades et les obèses, et ces deux catégories, y’en a plus chez les pauvres. Je regrette la Grippe Espagnole qui s’attaquait plutôt à la jeunesse.

Face au risque, nous avons accepté le confinement malgré l’effondrement du marché et donc des profits. Nous avons toujours été pour envoyer la chair à canon au front mais si on risque d’être atteints même à l’arrière, on change les règles et on signe un armistice fissa, de toute façon, nous ne paierons pas la facture.Les politiques, c’est-à-dire nous ou nos obligés, ont imposé ce confinement pour cette raison mais aussi parce qu’ils avaient peur de devoir rendre des comptes ensuite, c’est parfois compliqué de neutraliser les juges. Et puis c’était l’occasion de renforcer la surveillance, le contrôle, instiller en chacun une censure au nom du collectif. J’avoue qu’ils ont été magistraux dans ce domaine.

Après trois mois « d’open-bar » (comme aurait dit Manu, qu’il soit réélu jusqu’à la trentième génération), de chômage partiel, d’aides aux indépendants et autres mesures sociales pour éviter l’explosion, notre maître à tous, Geoffroy, notre bien aimé patron du MEDEF, a sifflé la fin de partie, sans les prolongations, parce que cela commençait à sentir le roussi du côté des profits, la base renâclait. Ces salauds de Français (les sixièmes) de la c(l)asse moyenne (pas les trop pauvres, pouvaient pas) avaient économisé 100 milliard d’euros pendant le confinement. Il devenait urgent d’« inciter les Français à retourner au bureau et à recommencer à consommer. ». J’aime bien Geoffroy, il est direct, il n’a pas cette réserve qu’avaient ses prédécesseurs, encore confits de paternalisme. Il est cash. Caste des riches décomplexés. Quand le Titanic coulera, que l’orchestre se noiera et que le capitaine garde-à-vous fera face aux flots déchaînés, il nous fera sauter dans les canots de sauvetage réservés pour rejoindre nos îles.

Donc Geoffroy a donné le signal.

Nous sommes partis à la curée.

Pour le bien de tous et surtout du nôtre.

5/10/2020 : TOUS DES SALAUDS ! Partie 1

Je sais, c’est un poil caricatural mais je ne vois pas pourquoi il n’y aurait que le gouvernement qui pourrait se permettre des éléments de langage simplifié.

Donc, si je me résume, pour faire du profit, il faut vendre.

Pour faire des produits à vendre, il faut des travailleurs, des équipements de production, de l’énergie et des matières premières.

Pour vendre ces produits, il faut des acheteurs.

Pour continuer à vendre, il faut que les produits vendus ne soit plus utilisés. Donc on les obsolète rapido et on crée de nouveaux besoins. Et on jette les produits vendus remplacés par de nouveaux.

On appelle ça un cercle vertueux (rires).

Pour que ça marche, il faut un réglage au poil. En effet, les produits à vendre doivent être achetés par le maximum de personnes. Or les pauvres sont incomparablement plus nombreux que les riches, c’est d’ailleurs le principe : beaucoup de pauvres qui enrichissent très peu de riches. Il faut donc que les produits à vendre soient achetés par les pauvres. Ces produits ne doivent pas être trop chers. Faut tirer sur les coûts de production, dont l’énergie, les matières premières et les travailleurs.

Pour les travailleurs, c’est la quadrature du cercle vertueux (rires). Faut pas trop les payer, mais assez pour qu’ils achètent. Des petits malins ont fait travailler les très très pauvres dans les pays très très pauvres vu que l’énergie pour ramener ici les produits fabriqués là-bas ne coûte pas grand-chose. Sauf que ces salauds (les premiers) ont leur niveau de vie qui augmente grâce à nous et donc leurs salaires. On a commencé par la Chine, on en est à l’Ethiopie, où va-t-on aller bientôt parce que la Terre, elle est limitée et le nombre de pays très très pauvres aussi ? Bon, on a un peu de marge grâce aux enfants et aux Ouïghours qui travaillent pour quasi rien. Et puis on aura les robots et l’intelligence artificielle après. De ce côté-là, ça baigne.

Sauf que les travailleurs d’ici qui ont leur boulot pris par les travailleurs de là-bas, et bientôt les machines, se retrouvent au chômage, et qu’ils ne peuvent donc plus acheter les produits qu’on leur propose. Salauds de chômeurs (les deuxièmes), ils profitent des aides sociales, faudrait les forcer à travailler à pas cher, ça éviterait d’aller là-bas parce que c’est compliqué à gérer à distance et puis ces pays sont moins fiables… Mais si on les paye moins, ils pourront moins acheter…. Pffff, l’économie, Monsieur, ce sont des arbitrages difficiles, des curseurs aux réglages très fins, un équilibre instable entre rapacité et rapacité, une affaire de spécialistes.

On peut gratter sur les matières premières : elles sont dans les pays très très pauvres en général et donc le coût des travailleurs… je ne recommence pas le topo.

Ah ? Ça pollue ? C’est bien dommage mais comme ce n’est pas chez nous…

Ah ? Ça s’épuise ? Pas grave, on en utilisera d’autres, on pourra même recycler plus, ces salauds d’écolos (les troisièmes) vont trop kiffer.

L’énergie c’est itou. Le pétrole ne coûte vraiment pas cher, parfois avec des prix négatifs, y’a encore des réserves.

Ah ? Ça émet des gaz à effet de serre ? Et ils ne restent pas dans les pays très très pauvres comme la pollution ? Et la Terre se réchauffe ? C’est un peu gênant mais, en gros, « rien à fout’e ». Ça va prendre un peu de temps et d’ici là, j’aurais pris l’oseille et avec, je vais me payer une île bunker avec du relief contre la montée des eaux où j’irais quand ça cramera, je prendrais l’apéro peinard sous les palmiers pendant que les salauds de pauvres (les quatrièmes) se la foutront sur la gueule parce qu’ils ne pourront plus vivre chez eux.

Elle était pas belle la vie ?

Mais le Covid-19 est arrivé. Le grain de sable…

24/05/2020 : SPA

Allez, encore un petit coup de mépris de l’élite ?

Cette fois-ci, cela vient de Dardmalin, 37 printemps, notre bon ministre de l’action et des comptes publics.

Comme c’est une personne exceptionnelle, il a été autorisé par le premier ministre – en dépit d’un accord tacite, parce qu’en France, la parole donnée suffit pour mettre de l’ordre dans une pratique qui n’aurait jamais du être concevable – à cumuler son ministère (amen) et son mandat de maire de Tourcoing.

Effectivement, Dardmalin tient à bout de bras les comptes publics et la ville de Tourcoing et sans son extraordinaire faculté de premier de cordée +++, les deux vont s’effondrer.

Nous manquons d’hommes providentiels comme lui.

Mais Dardmalin est droit dans ses bottes (qu’il ne porte jamais, il laisse ça à son jardinier). Il donne son corps à l’action publique, aux Tourcoinnais (je ne sais pas si on dit comme ça) mais dans un pur désintéressement.

La preuve, il renonce à sa paye de maire ou plus précisément il la reverse à une association d’utilité publique.

Le Sou des Hôpitaux Publics ? Le Replâtrage des EPHAD ? Le Soutien des Premiers de Corvées, caissières, livreurs, chauffeurs ? Le Droit au Logement ? Emmaüs ? Amnesty International ?

Bien mieux que ça : la Société protectrice des animaux (SPA).

Respect.

8/05/2020 : BASE-BALL

Déconfinement – 3 jours. Vannes. Au secours, les GrosC… sont de retour !

Alors, on y croyait à « Ce ne sera plus jamais comme avant ! », « Ces deux mois nous ont montrés qu’un autre monde était possible, moins consommateur, moins émetteur de gaz à effet de serre, plus solidaire, moins égoïste… »

Des places de parking partout mais il me faut de l’ombre (fait au moins 20°, intenable) sinon je vais me brûler le bermuda sur le cuir noir des fauteuils. Alors une petite place sous un arbre, c’est nickel… Ah, c’est sur un rond-point ? Rien à foutre, rien n’est trop beau pour mon SUV gazolesque. Et les flics, ils ont autre chose à faire, faut qu’ils contrôlent les attestations dérogatoires de déplacement.

Elle est pas belle la vie ?

Et si la désobéissance civile commençait à coup de battes de base-ball ?

30/04/2020 : CONFINEURS

Ben alors mes P’tits Bonshommes Verts, vous êtes victimes de confinose ?

L’enfer, c’est les autres ?

Il vous brûle de consommer dans 10 jours et ce compte à rebours vers la reprise économique citoyenne vous pèse ?

Marre du silence, de ces impudents oiseaux sans gêne, de cet air trop pur ?

Si vous êtes responsables et faites comme ils nous disent, le bonheur va reprendre, il sera dans le pré qu’il est plus que temps de tondre, toute cette biodiversité renaissante, c’est écœurant.

Bientôt l’espoir va renaître, une gloire du soleil illuminera notre beau département vert.

Plus que 10 jours et ce sera la trêve des confineurs.

23/04/2020 : ANTI-COVID

Longtemps que je n’avais pas fait une queue pareille. Aussi longue que celle du marché du samedi matin à attendre de pouvoir entrer dans l’enceinte des Jardins des Remparts pour les légumes bio et le fromage fermier, mais la sociologie est différente : ici, pas de caddies et c’est tous âges, toutes classes sociales. La queue du marché, je ne la fais pas. Celle-ci oui. Vitale. Du temps pour regarder les origines des masques artisanaux. A côté du vieux slip, vient d’apparaître l’ex-bonnet de soutien-gorge. Du D ou du E. Plus pratique, on en fait deux d’un coup et les brides font l’élastique, introuvable désormais en magasin, comme la levure boulangère. On peut pincer le bout en bec de canard, genre FFP2. La dentelle chatouille le nez, les baleines enserrent le menton et c’est autrement plus classe côté imprimé. Chacun s’occupe comme il peut, à pitonner son portable. Moi je mate la diversité des impétrants. Repéré deux vegans. Facile, ils portent des polaires en microfibres, une ceinture en chanvre tressé et des tongues en plastique. Je suis allé sur Internet avant de venir, j’ai cherché la marque avec le plus de nicotine. Une cartouche complète. Bon, j’aurais le goudron, mais c’est comme pour tous les médicaments, t’as des effets secondaires, sinon c’est de l’homéopathie. Entre le respirateur dans 30 ans et maintenant, j’ai choisi.

Confinette m’a dit que c’était peut-être une fèqueniouze, style étude sponsorisée par Philip Morris, ils ont la compétence dans l’écran de fumée depuis 60 ans avec le cancer du poumon. Mais je prends le risque, pour une fois que l’on peut se faire plaisir avec un truc dangereux et lutter contre une maladie.

Si ça se trouve, bientôt nous apprendrons que l’alcool bloque un des récepteurs cellulaires porte d’entrée du coronavirus, une étude financée par les pinardiers. Quand on déconfinera le 15 juin dans les bars, ça va être coton entre le masque soustingue, le mojito et la clope, pas assez de mains.

Mac Do va mettre en avant les bienfaits du Big Mac et la FNSEA la divine surprise du mauvais cholesterol qui boucherait tous les récepteurs avec la même efficacité que la plaque d’athérome dans les artères.

Elle est pas belle la vie ? Merci la Covid-19. Elle nous emporte des écrivains et des chanteurs, oblige à prendre des congés en plein confinement, autorise les préfets à piétiner les gardes-fous contre les projets détruisant l’environnement et nous intime de nous vautrer dans des plaisirs interdits.

Bientôt nous ferons la queue devant les boucheries, à nous arracher les côtes de bœuf persillées, sûr qu’il y aura des porteurs de tongues en plastique, l’urgence les poussera à des révisions déchirantes.FFP2 et FFPN (Française Frisone Pie Noire).

La bouse ou la vie.